Page:Sapho - Le tutu, mœurs fin de siècle, 1891.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
79
MŒURS FIN DE SIÈCLE

Et elle le fit passer dans un salon tout plein de peintures qu’elle énuméra avec une fêlure dans la voix. Il y avait des têtes de juifs en masse, des oncles, des grands-pères, des chiens de bisaïeuls, des chevaux de beaux-frères, des chats de nièces. Et elle poussa un soupir profondément émotionnel en s’arrêtant devant une grande toile ovale :

— Voici le portrait de ma fille. Son eau-de-vie est devant elle…

— Son eau-de-vie ?

Oui, c’en était. Lorsque Hermine avait posé, elle souffrait légèrement d’une névralgie, et dans le but de calmer ses douleurs, elle se récurait la bouche avec du cognac. L’artiste n’avait rien oublié ; huit jours durant, il s’était crevé les yeux à reproduire les fils de coton de la robe coloriée de la jeune fille.

— Vous voyez, il y a des fils rouges, bleus, verts et blancs. Les rouges et les verts sont verticaux, les autres sont horizontaux. Le vert