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MŒURS FIN DE SIÈCLE


Il obtint un succès fou. Il joua l’air du Pied qui remue ainsi qu’une valse portant un titre fabuleux : De l’influence des courants d’air sur le mouvement rotatoire des gallinacés.

On avait reculé les tables et les chaises contre le mur ; le musicien était monté sur un petit banc de dame, il s’y maintenait difficilement en équilibre, ce qui lui donnait l’attitude d’un poussah ; les compagnons du fouet gigottaient, ils ne dansaient pas en mesure, et faisaient un vacarme stupéfiant avec leurs grosses bottes, leurs sabots, et leurs voix faussées par l’effet d’une ivresse improvisée. Tous ces gens-là se donnaient beaucoup de peine pour se persuader qu’ils ne s’embêtaient pas. Et comme ils crevaient de faim, ils se firent servir à déjeuner, pas grand chose, du poulet, du bœuf froid, et du fromage. Quelqu’un prononça le mot de champagne, et Noirof en commanda tout de suite. Il changea d’accoutrement avec Pancrace ; en un clin d’œil, il fut