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MŒURS FIN DE SIÈCLE


de jumelles, Noirof reconnut Pancrace. Il descendit en hâte, car Pancrace lui était sympathique ; il faillit se faire écraser à la porte du dépôt par un omnibus du chemin de fer, et s’aventura dans le dédale des véhicules. La cour puait l’urine et le crottin dans lesquels on piétinait ; d’abord, l’odeur prenait à la gorge, mais elle paraissait exquise quand on y était habitué, et l’imagination aidant, donnait l’illusion d’un patchouli musqué, ou d’un musc patchouliqué ; ou plutôt, donnait l’illusion de l’odeur d’une femme du demi-monde esquintée par les luttes de l’amour et fraîchement imprégnée des multiples senteurs de son boudoir ; ou mieux encore, donnait l’illusion de l’odeur d’une femme très honnête, célibataire, vierge, jalouse, méchante, fumant du tabac d’Orient et mettant de l’eau de Cologne et du lubin dans son linge. Dès que Pancrace aperçut Mauri, il leva les bras en croix et accourut vers lui :