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MŒURS FIN DE SIÈCLE


chevaux s’écriaient : « Voilà la ponteuse ; sur quel cheval va-t-elle ponter ? » Et elle pontait presque toujours sûrement. Par corruption, on avait prononcé un jour le mot pondeuse, et le mot était resté. Elle avait un frère, un gredin qui lui vola, une nuit, tout son avoir, une dizaine de mille francs mis de côté. Brusquement ruinée, elle ne put se résoudre à travailler, et comme elle avait des principes, elle entra dans un bordel. Elle y séjourna peu de temps, une semaine à peine. La veille du jour où Mauri y fit son apprentissage, la maison reçut la visite d’un magistrat, sportman accompli, qui connaissait la Pondeuse, et qui casqua pour obtenir son élargissement.

— Enfin, me voilà sauvée. J’ai reloué ce matin mon logement de la rue Monge. Tu viendras me voir, n’est-ce pas ? tu verras comme c’est gentil. Je te donnerai du chocolat le matin, le chocolat du Planteur. Le mot est de Forain. C’est fort, hein ?

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