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LE TUTU

— Le fait est crevant. Ma parole, le monde n’est peuplé que de fous. Et il ajouta : que de fous, que de fous. Comment t’appelles-tu ?

— Mais la Pondeuse, pardi ! Tu sais, si ça t’embête que je sois venue !… Tu fais semblant de ne pas me reconnaître…

— La Pondeuse ! Quel sobriquet grotesque ! La Pondeuse est une femme qui doit pondre quelque chose. Qu’est-ce que tu ponds ?

— Je ne ponds rien. Je t’ai expliqué l’autre jour pourquoi l’on m’a baptisée de ce nom-là.

Et elle recommença l’historique. Joueuse invétérée, elle suivait assidûment les courses, et y risquait tout son argent. Pendant longtemps, elle vécut, ainsi, des bénéfices réalisés sur les hippodromes, gagnant cinq cents francs aujourd’hui, en perdant quatre cents le lendemain. Mais, la balance penchait toujours, en fin de compte, en faveur des bénéfices. Lorsqu’elle apparaissait au pesage, les amateurs de chevaux, les jeunes et vieux amateurs de