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LE TUTU


femme. En ouvrant les yeux, elle vit un cadavre, et voulut se dégager, mais la rigidité du bras s’y refusa. Sa tête était pressurée dans le repli du coude comme dans un étau glacé, et l’étau se resserrait lentement, graduellement. Les deux têtes se regardaient bien en face et se touchaient. Le nez du mort avait un peu diminué ; par contre, sa langue, défibrinisée, sortait, très longue, très dure, et pénétrait dans la bouche de Hermine. Elle avait beau vouloir éviter ce contact, elle en subissait, malgré elle, l’énervante et sublime caresse. Et la langue suintait une humidité gélatineuse, jaunasse, poisseuse colimaçonnement ; dans le but de n’en pas ressentir la fadeur putride, mêlée aux water-closettiennes émanations de l’estomac, elle bâillait, la malheureuse, laissant ainsi l’organe s’avancer librement ; mais, bientôt fatiguée, elle referma la bouche, emprisonnant ainsi la chose infâme, la humant, la suçant, la retournant de droite et de gauche