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MŒURS FIN DE SIÈCLE


et y firent une prière. La petitesse du temple les surprit.

— Dieu n’est pas également grand partout, autrement, toutes ses maisons se ressembleraient.

Une décoration picturale du lieu sacré représentait le massacre des innocents : les glaives flamboyaient, ils fourrageaient les chairs ; des enfants, le ventre troué, agonisaient, avec des physionomies laides de douleur.

— Et dire qu’on n’a pas mangé toutes ces cervelles-là !

En sortant, ils apprirent qu’un cimetière existait autrefois à l’emplacement de l’église. Une fontaine, construite sur la place publique, à côté, crachait, par une vulgaire gueule de lion de bronze, une eau si puante, que les habitants devaient la désinfecter avant de la boire.

— Oh, c’est un pays mort, leur dit un marchand de vins ; bien mort, bien mort ; rien,