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MŒURS FIN DE SIÈCLE

Ils entrèrent au Père Tranquille. Là, ils mangèrent comme une bande de loups, burent de grands crûs, vidèrent des carafons de champagne et de chartreuse. Et il fallut céder au restaurateur, en guise de paiement, un salon et deux chambres à coucher. Le total s’élevait à huit cent un francs ; la vente en produisit neuf cent deux. Avec le surplus, ils se rendirent au Caveau. La voiture suivait toujours.

— Cet endroit me rappelle, dit Mauri, ma jeunesse de l’an dernier. J’y rencontrais un tas de gens bizarres, des voyous, des littérateurs. Aujourd’hui, tout cela est bien changé. À part nous, il n’y a plus personne au monde. N’empêche que je suis un homme foutu, et bien foutu. Tant mieux, je veux me réduire à rien du tout, afin de voir ce que c’est…

Ils jouèrent au jeu de la Destruction. À l’aide d’un canif, ils se tailladaient les vêtements et les enloquetaient. Au petit jour, on les congédia et ils durent laisser, de nouveau, en ma-

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