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LE TUTU


noncé égoïstement, incompréhensiblement, tant l’Anglais tient à rester impénétrable et à garder, pour soi, sa langue, ses coutumes, son sol : voilà ce qui vous y attend. Lorsque vous êtes débarqué là-bas, vous sentez qu’on vous y laisse à la porte et que jamais aucune sympathie n’unira les deux races. Vous vous mouvez au milieu du grouillement de la métropole, comme un homme vivant au milieu d’une multitude de cadavres ambulants. Car l’Anglais est avant tout un homme mort. La vie ne peut séjourner dans une nature aussi macchabéenne, qu’aucune effusion ne secoue, dont aucun sourire n’essaie d’illuminer le faciès marmoréen. Non, madame, jamais un Anglais ne rit. Il a bien autre chose à faire. Son temps se passe à boire, à boire des choses froides, du soda, du whisky, du brandy, puis du whisky, du soda, du brandy, puis du soda, du brandy, du whisky. Il boit toujours, et debout ; jamais il ne s’assied. Il se grise debout, c’est pour