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MŒURS FIN DE SIÈCLE


vous débiliter l’estomac. Un peu de cognac ?

— Merci, madame, le cognac m’est interdit. J’ai la chaudepisse.

Et il expliqua qu’il avait contracté ce mal d’amour dans le pays où fleurit le brouillard.

— Oui, madame, à Londres. Cela n’a rien d’étonnant pour quiconque connaît les anomalies qui forment le fond des mœurs de ce pays. Vous n’avez jamais visité la capitale de l’Angleterre, madame ? Allez-y donc un jour, avec des bagages, par exemple, car sans bagages, une femme seule n’est pas admise à l’hôtel. Allez-y, et vous verrez. C’est charmant tout plein. Dès que vous mettez le pied sur le sol britannique, vous n’y voyez que des choses qui nous offusquent, nous, Français, habitués à la joie et au grand soleil : des gens glaciaux, de l’air froid, de la pluie à jets continus, des brouillards remplis de poussière de charbon, des rues boueuses, gluantes comme de la colle de pâte, et un galimatias tudesque, pro-

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