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MŒURS FIN DE SIÈCLE


demeura baba : le père Israël avait subi vingt-trois condamnations pour outrages aux bonnes mœurs, et il était mort en prison ; madame Israël avait été poursuivie, avant son mariage, pour infanticide, et elle avait écopé cinq ans de travaux forcés. Mauri fit rechercher les dossiers et les emporta rue Tronson-Ducoudray. En attendant sa mère, attablé entre le plat de cervelle et la bouteille de crachats (crachats verdâtres, glaireux, veinés de petits filets de sang), il parcourut le dossier. Il y releva des détails savoureux. L’accusée, âgée de dix-huit ans, forte à l’escrime, accoucha clandestinement d’un enfant qu’elle eut de son père. Elle l’éleva et lorsqu’il fut sevré, le tua. Elle le tua en le pendant par la langue et en lui passant en travers du corps des fleurets rougis au feu. L’instruction parvint à établir que la meurtrière chantait des cantiques en enfilant son enfant. Celui-ci était percé cent soixante coups d’épée. Lorsqu’il fut mort, elle le dépendit et lui fourra

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