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MŒURS FIN DE SIÈCLE


cheveux, chez le fruitier, le boulanger, le boucher, le marchand de vins, et elle lui préparait son dîner. Car elle devait rentrer ; rarement, elle passait la soirée. Et elle partait machinalement, comme elle était venue.

— Ces absences quotidiennes, comment ton mari les interprète-t-il ?

— Je lui fais accroire que je visite des pauvres. Mais j’ai failli me couper, l’autre jour. Je déblatérais contre toi, je lui disais que tu n’étais qu’un ci, qu’un là. « Tu le connais donc bien, qu’il me dit. — Non, que je lui réponds, mais on me l’a dit. — Quel singulier coco, qu’il dit ! — Oh, je le déteste, que je lui fais. — Il vient dîner demain. — Ah, zut, que je lui dis, tu invites un pédérasse, c’est du propre ! J’ai fait semblant d’être fâchée, mais j’étais tout de même bien heureuse au fond. Oh, il est loin de se douter que nous nous connaissons.

— Tu es une sainte femme,