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MŒURS FIN DE SIÈCLE


régnait le plus grand désordre. Puis elle attendait, affalée dans un canapé, se déshabillant lentement, car toujours ils se couchaient, histoire de passer ensemble un petit moment agréable. Ce n’était pourtant pas l’attrait de la luxure qui l’induisait en péché, elle n’éprouvait point la moindre joie dans ces abandons qu’aucune passion n’alimentait ; ils se payaient le luxe de leurs chairs comme ils eussent accompli une corvée quelconque. Il arrivait, l’embrassait en lui répétant la même phrase chaque fois : « Tu es une sainte femme. » Il racontait ses malheurs de jeu : toujours, il perdait. « Mais défais-toi donc de ces habitudes-là, » lui répétait-elle. Il promettait, rejouait le soir et le lendemain, se faisait nettoyer. Il obéissait ainsi à une impulsion contre laquelle il luttait impuissamment. Elle lui allongeait trois ou quatre billets de cent francs dont il s’emparait naturellement ; il disait :

— Je suis criblé de dettes ; voici trois cents

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