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MŒURS FIN DE SIÈCLE


cela ; votre mère est jalouse, et elle hait la mienne, qui s’est imposé tant de sacrifices, et qui a failli en être réduite à la mendicité. Heureusement que mon oncle vient de mourir ; nous héritons de six cent mille francs. Tra la la !

— Et vos pauvres, que deviennent-ils ? Vous en occupez-vous toujours ? Votre bonté d’âme, noyée dans les honneurs dont je suis inondé, n’a rien perdu, j’espère, de son immensité ?

— Je vois mes pauvres comme toujours, je ne fais que ça ; puis, je panse la plaie de Mani-Mina ; puis, je me pèse, je prends ma petite goutte d’eau-de-vie (j’en ai commandé dix-sept fûts, afin de ne pas être prise au dépourvu) parce que je ressens toujours un peu de bobo dans les dents de ma gueugueule. Et vous, grand fou, que faites-vous dans l’attelage du char de l’État ?

— Je tire. Nous tirons tous le plus que nous pouvons. Chacun tire à soi. J’ai mis le grappin