Page:Sapho - Le tutu, mœurs fin de siècle, 1891.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
195
MŒURS FIN DE SIÈCLE

— Je suis bien peu de chose à côté de vous, disait l’artiste en gifles.

— Les extrêmes se touchent, répliquai ! Deibler.

Ils riaient. Leurs rires avaient le perlé d’un entrechoquement d’os de squelettes.

Mauri de Noirof joua au sérieux son rôle de ministre. Il signait des décrets, des nominations, des révocations, accordait des audiences, écoutait les solliciteurs dans une attitude roide, très roide, excessivement roide, ne prenant aucune résolution, congédiant son monde au galop, ayant hâte de se retrouver seul, dans son cabinet, en face d’une glace, pour se faire des grimaces, en habit de gala, avec une petite balance à chaque main. Seul, son lait l’ennuyait. Afin d’éviter à ses inférieurs la corvée du suçage de ses seins, il s’était attaché un petit nègre qui venait téter lorsque besoin s’en faisait sentir et dont la peau se café-au-laita par suite de cette succion. Mani-