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MŒURS FIN DE SIÈCLE


vrier qui avait donné le premier, le tout premier coup de pioche dans la glaise dont il devait être pétri ? Qui l’avait déposé là, sur le trottoir ? Possédait-il une âme, ce morceau de brique ? Souffrait-il de la pluie ou de la chaleur ? Mauri fut arraché à ces réflexions par le passage d’un éteigneur de réverbères, et par deux ou trois pst ! pst ! allongés, poussés derrière lui. En ce moment précis, il se rappela une soirée qu’il avait passée cinq ans auparavant chez une amie de sa mère, dans le Doubs. Puis, l’idée de manger des escargots sans ail sur un cheval sans tête qui prendrait le mors aux dents à reculons, le hanta. Alors, il se heurta à un nouveau morceau de brique qu’il fit rouler devant lui, toujours à petits coups de pied. Il allait lentement, en évitant soigneusement de marcher sur les lignes de rencontre des dalles du trottoir : cela l’amusait. À un moment, il marcha sur une de ces lignes, et il fut exaspéré de sa maladresse. Un ouvrier le dépassa ; Mauri ob-