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suivant la hauteur du mur et la forme à donner à la treille. On les couche la première année jusqu’à 30 ou 36 pouces du mur et on les recouvre de 10 à 12 pouces de terre en les rabattant sur deux yeux seulement. Ceux-ci se développeront ; on les attachera sur des tuteurs ou des échalas ; les faux bourgeons seront soigneusement pincés à une ou deux feuilles sans être encore retranchées ; ils ne le seront que plus tard, en août, et les bourgeons eux-mêmes rognés à leur extrémité à la même époque, rarement plus tôt, à moins qu’ils ne prennent trop d’accroissement en longueur. Ce rognement a pour but de concentrer la sève vers la base de la partie conservée, pour faire prendre au sarment une grosseur suffisante et assurer la complète maturité du bois. La vigueur des pousses de l’année suivante dépend en grande partie de cette opération ; sans elle, les sarments resteraient grêles et ne donneraient que de faibles bourgeons. La deuxième année de plantation, on retranche le sarment le moins vigoureux, et l’on rabat l’autre à deux yeux. Pendant la végétation, on donne les mêmes soins que l’année précédente ; les deux nouveaux bourgeons sont attachés, ébourgeonnés et rognés, si c’est nécessaire, mais à une hauteur d’environ 4 pieds. On plante au pied du mur même la première année ; on gagne ainsi du temps, sans préjudice pour la prospérité ultérieure de la treille, car souvent, dans cette nature de sol, les nouvelles racines qui naissent sur la partie couchée la deuxième année prennent une telle force, que les racines de la première partie se trouvent pour ainsi dire annihilées et finissent par périr.

Il y a des personnes qui préfèrent planter tout de suite à demeure des boutures enracinées ; elles obtiennent d’aussi bons résultats qu’avec les marcottes et gagneraient ainsi du temps. La réussite d’une telle plantation ne peut être avantageuse qu’à la condition d’élever avec soin des boutures en pépinière, en choisissant de préférence des crossettes, afin de les avoir déjà fortes au moment de les mettre en place.