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rence. Et si un pareil dilettantisme est pour ravir les délicats qui savent gré à un écrivain de faire défiler devant eux une multitude d’idées, en laissant la liberté du choix, les habitudes d’esprit de Lemaître déconcertent singulièrement les bonnes âmes qui, sur la foi de ce nom de critique, viennent à lui pour lui demander la vérité.

Un homme d’action à qui j’avais conseillé la lecture des Contemporains me disait dernièrement :

— Je suis arrivé à la fin du second volume, je ne lirai pas le troisième. Avant de mettre le nez à dedans, j’avais sur tous les gens dont Lemaître parle des opinions incomplètes, peut-être même inintelligentes, mais enfin des opinions. À présent je ne sais plus que penser. Qu’est-ce que cela signifie ? et comment ose-t-on écrire des livres de critique quand on n’est pas capable de fournir des jugements motivés aux ignorants qui vous lisent. »

Cet honnête homme est dans le vrai. Lemaître n’est point un critique, c’est tout simplement un des hommes les plus intelligents de cette génération. Il nous conte, au jour le jour, ses impressions aiguës, profondes, contradictoires. Et cela fait des pages où nous nous reconnaissons, comme dans le plus fidèle des miroirs. C’est pour cela qu’il a tant d’autorité sur nous, cet homme qui hait l’autorité plus que toutes choses.

(Portraits de Cire, 1891. Lecène Oudin, Paris).


De M. Adolphe Brisson : Jules Lemaître conseiller municipal :


… Serait-ce vrai ?… La nouvelle m’a été donnée hier, par un ami de notre spirituel confrère… Oui,