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DE SANNAZAR. 22


à leurs usages, s’en alloyent marchant en grauité comme Naiades ou Napees, d’autant que par la diversité de leurs cœffeures, elles avoyēt oultre mesure augmēté leurs grãdes beautez naturelles. Les unes portoyent des couronnes de troesne, entrelassees de fleurs iaunes & rouges : les autres des liz blancz & bleuz attachez a quelques brãchettes d’Orengier. L’une blãchissoit entieremēt de Gensemis, & l’autre sembloit estellee de roses : tellement que chascune par soy et toutes en general representoiêt mieux espritz ãgelicques, que creatures mortelles : ce q faisoit dire a plusieurs : O que bienheureux seroit le possesseur de telles beaultez. Puis voyant les belles le soleil ia fort haulsé, & qu’il se preparoit une bien grande chaleur, elles en se iouãt gracieusemēt ensemble dresserent leurs pas devers une umbrageuse vallée, ou elles trouverent des fontaines claires comme Crystal : & la se prindrent a rafraichir leurs beaux visages non fardez ny reluysans par industrie, rebrassant pour ce faire leurs manches estroictes par dessus leurs coudes, & par ce moyen nous donnant liberté de veoir leurs bras tous nudz, l’enbonpoinct desquelz estoit grand accroyssement de beaulté a leurs mains tendres & delicates. A raison de quoy nous devenuz plus desireux de les veoir de pres, incontinent