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DE SANNAZAR. 15


stres : et furêt les rues et carrefours des villages ionchez de feuilles de Myrte, et autres herbes odorantes. Aussi pour deuemêt solenniser la saincte feste, tous animaux iouyrent du repoz desiré : mesmes Charrues, Coutres, Rasteauz, Besches et autres outilz d’agriculture parez de fleurs de toutes formes, donnerent manifeste indice d’agreable oysiveté. Et ny eut aucun manouvrier qui pour ce iour presumast faire un seul acte de labeur : ains tous ioyeux et deliberez se meirent a chãter amoureuses chansons : et faire plusieurs ioliz esbatemens environ les Beufz embouquetez et attachez aux mengeoires plaines de fourrage. Pareillement les petitz Garsonnetz pleins de merveilleuse vivacité sen alloyêt parmy les cãpagnes avec les simples fillettes iouãt a divers ieux pueriles en signe de commune lyesse. Mais pour dignement presenter noz offrandes sus les autelz fumans, et accomplir les veux faictz en noz adversitez passées, tous ensemble nous en allasmes au temple. Auquel estant montez par un petit nombre de marches, apperceumes au dessus du portail quelques forestz et montages de platte paincture, enrichies d’arbres feuilluz, et de mille diversitez de fleurs. Entre lesquelles estoienr quelques troupeaux de bestes qui s’en alloient pasturãt et promenant le long des prez avec une dixaine de