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L’ARCADIE


ce que ainsi par cas fortuit nous avoyent cõduictz a si grande recreation. Entre ces devises se entendoit aucunesfois le murmure des Faisans qui s’esbatoient en leurs aires, chose qui nous faisoit souvêt interrõpre noz propoz qui (sans point de doute) nous sembloyêt beaucoup plus doux que s’ilz eussent esté cõtinuez sans une si plaisante interruptiõ. En ce contêtement nous arrivasmes a noz maisons : ou, apres avoir chassé la fain a force de viandes rustiques, nous allasmes (comme de coustume) dormir sus la paille, attêdans en singuliere devotion le iour ensuyvant, auquel se devoit solennellemêt celebrer la ioyeuse feste de la saincte Pales venerable Deesse des pasteurs. Pour la reverêce de laquelle außi tost que le soleil apparut en Orient, et que les oysillons ramages se mirent a chanter sus les branches des arbres, annõceans la prochaine lumiere, chascun se leva de son giste et sa maison tapissa de rameaux de Chesne ou Cormier, parant lentrée de feuillars entremeslez de fleurs de Genevre et autres que la faim produysoit. Puis on alla devotement faire la proceßion alêtour des Estables, perfumant de souphre vif tout le bestail, et davãtage le purifiant par deuotes prieres, afin que mal ou incouenient ne, luy peuraduenir. Ce pendant lon entendoit par toutes les cabannes reformer divers instrumens champe-


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