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DE SANNAZAR. 9

elles nous peußiõs rafraichir de l’aleine des petitz ventz. Ie prins mon chemin devers une ombrageuse vallee qui estoit a moins d’un quart de lieue de moy, conduysant lentement a tout ma houlette mes dictes bestes : lesquelles a chascun pas vouloyêt entrer dedans les boys. Et n’estois encore gueres loing quand de bon encontre ie trouvay un pasteur nõmé Montano : lequel semblablement cherchoit d’eviter la chaleur ennuyeuse, et a ces fins avoit faict une couronne de rameaux feuilluz qui le defendoient du Soleil. Ce pasteur s’en alloit touchant son troupeau devãt soy, sonnant si melodieusement une musette, qu’il sembloit que les forestz, en feußêt plus gayes que de coustume. Adõc ie qui fuz merveilleusement curieux d’entêdre telle melodie, en parolles assez humaines luy dy : Amy, d’außi bon cueur que ie prie aux gracieuses Nymphes qu’elles daignent de bõne oreille escouter tes chãsons, et aux dieux chãpestres que les loupz, ravissans ne te puißêt faire dõmage de tes aigneauz mais que sains sauves et bien guarniz de fine layne ilz te puissent rendre agreable profit, faiz moy (s’il ne te grieve) part de iouyßãce de ton armonye. Ce faisant, le chemin et la chaleur nous en semberont beaucoup moindres. Et afin que tu n’estimes perdre ta peine, i’ay une houlette de myrte


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