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à Pierre Benoit


CHAPITRE V

cobern — coblence — mayence


Un prisonnier a le réveil pénible. En ouvrant les yeux, il n’a pas conscience tout de suite de sa situation, et, pour peu qu’il sorte d’un rêve agréable, s’il se préparait à trouver la vie charmante en reprenant contact avec elle, il a besoin d’un peu de réflexion pour constater qu’il n’a aucune raison de se réjouir.

Quand je me réveillai, j’étais transi de froid et je ne compris rien au brouhaha qui m’entourait. Nous étions arrêtés dans une grande gare. Il était 4 heures du matin. Ces soldats vêtus de gris, armés de fusils… Ah ! oui, je suis prisonnier.

Où sommes-nous ? À Cobern. Ce nom-là ne me rappelle rien, et je suis embarrassé pour me situer en Saxe, en Pologne, ou au Brandebourg.

Le leùtnant du service des étapes a remis son casque et il fait descendre ses hommes encore lourds de sommeil ou las d’insomnie, je ne sais pas. J’ai dormi si profondément ! Quant à nous, nous ne devons pas descendre. Nous ne sommes pas encore au bout de notre voyage. Notre escorte est au bout du sien. Sa mission est terminée. Et nos gardiens, qui tous por-