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l’usine de pierrepont

plus raisonnable. Cet espoir ne nous cause aucune joie, sinon celle de constater que, tout méthodiques et merveilleusement organisés qu’ils sont, les Allemands n’ont pas mieux que nous trouvé le moyen d’éviter les embouteillages des gares et des lignes à proximité du front.

La nuit vient peu à peu. Les vagons ne seront pas éclairés, par mesure de prudence. L’horizon se brouille et le paysage s’efface. Bientôt nous serons seuls dans l’obscurité et tout à nos pensées, scandées par le bruit du train qui accélère sa vitesse. Morne voyage. Nous ne disons plus rien.

Soudain, de gigantesques lueurs rougeoient près de nous. Des flammes puissantes s’élèvent. Nous passons devant les hauts-fourneaux de Thionville, que les Boches appellent Diedenhofen. Ici se préparent des engins de mort pour nos camarades. Les cheminées trapues que le feu travaille prennent un air tragique dans l’ombre où elles surgissent à nos yeux. Et puis nous rentrons dans la nuit. Nous roulons maintenant à une allure assez vive.