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de rouvrois à pierrepont

— Non, mais offizierstellvertreter[1].

— Je regrette. Il n’est pas officier. Je ne peux emmener que les officiers.

Mais la dispute n’est pas finie.

— Nos ordonnances sont avec nous. On nous a promis…

— Tout à l’heure, réplique le capitaine.

Et il nous emmène par un escalier qui descend la grand’rue.

Près de la gare, nous traversons les ruines de ce qui fut une usine française, mais on l’a incendiée et détruite. Puis nous prenons par un vaste jardin désert, tout blanc de neige.

Au détour d’une allée, nous rencontrons un général très vieux, qui se promène les mains derrière le dos, en compagnie d’un major aussi vieux que lui et qui a l’air d’un Bismark à quatre galons, tant sa figure est empreinte d’aménité. Ces deux hommes, qui ont peut-être déjà fait la guerre en 1870, nous rappellent plus d’une image de jadis, peut-être à cause de l’uniforme qu’ils portent, qui est celui d’autrefois.

En un français difficile, mais poliment, le général nous apostrophe :

— Quand avez-vous été pris ?

— Hier.

— Où ?

— À Douaumont.

  1. Les Allemands nomment ainsi : « tenant lieu d’officier », les sous-officiers à qui ils accordent la patte d’épaule de lieutenant pour la durée de la guerre, mais qu’ils ne considèrent pas comme de véritables officiers.