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le purgatoire

il grandit, comme il grandit, l’humble cantonnier de tout à l’heure !

À la sortie du village, à deux cents mètres environ, les hussards nous font quitter le chemin et entrer dans un champ en bordure couvert de neige. Puis, ils nous arrêtent. Halte. Dix minutes de repos.

Quand on nous remet en route, pour les derniers kilomètres qui nous séparent de Pierrepont, deux fantassins allemands nous emboîtent le pas. Ils sont équipés et vêtus de neuf et portent la casquette grise à visière et à bandeau rouge que portent les sous-officiers. L’un d’eux paraît tout jeune. Naturellement ils se mettent à nous parler, et naturellement leur curiosité nous pose toutes les questions obligatoires qu’on nous a déjà posées.

Combien de temps durera la guerre ? Que dit-on en France à ce sujet ? Les Allemands prendront-ils Verdun ? S’ils prennent Verdun, la paix sera signée. L’Angleterre est une infâme nation de traîtres et de pirates. La France, au contraire, est très sympathique ; on l’estime et on la plaint. Pourquoi faut-il qu’elle se laisse mener par le bout du nez au gré de l’Angleterre ?

Nous discutions encore avec nos deux catéchumènes en armes, quand nous arrivons à Pierrepont.

Un capitaine nous arrête et sépare les officiers de la troupe. Une contestation s’engage à propos de l’adjudant-chef Ch*** qui voudrait bien nous suivre.

— Est-il officier ? demande le capitaine.

— Il est adjudant-chef.

— Il n’est pas officier ? répète l’autre.