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le purgatoire

Allons-nous enfin nous reposer ? Nous entrons dans une pièce qui a, pour tout mobilier, un bahut, une table, deux bancs et un poêle. Le parquet est sale. Les murs suintent l’humidité. La table est recouverte d’un enduit crasseux. Dans un coin, il y a une dizaine de paillasses, qui ne sont pas trop propres. Une odeur infâme règne. Ne soyons pas dégoûtés. Nous sommes prisonniers et nous en verrons bien d’autres sans doute.

Sous la surveillance d’un feldwebel, l’homme qui nous a conduits dispose les paillasses l’une à côté de l’autre. Puis, de lui-même et avant que le sous-officier ait pu l’en empêcher, il se met à nous allumer du feu dans le poêle. Pendant que nous nous installons et que lui s’emploie à ce travail, le feldwebel le traite à plusieurs reprises, et à mi-voix, de « dummkerl », comme si nous ne devions pas comprendre qu’il le sacre imbécile et triple imbécile. Et cela nous assure sans hésitation des sentiments que le feldwebel nourrit à notre égard.