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à José Germain


CHAPITRE II

des chambrettes à rouvrois
(9 mars 1916).

Le cheval du cuirassier, une superbe bête, est attaché à un arbre. Comme des obus battent la lisière du bois, il regimbe. Son cavalier le calme et lui parle à voix basse, puis l’enfourche et nous demande si nous sommes prêts. La question est moins une politesse qu’une injonction. Hélas ! oui, nous sommes prêts. Nous nous mettons lentement en route. La canonnade s’est apaisée. Toute la campagne est blanche. Il fait froid. Où dormirons-nous, ce soir ? Après tant de forces dépensées, nous éprouvons un violent besoin de dormir. La tension des jours derniers et l’excitation du combat sont tombées, une pesante lassitude nous reste, et de la fièvre.

À peine sortis du bois, nous voici au milieu d’attelages en station.

— Ravitaillement, dit le cuirassier.

Ce sont en effet des cuisines roulantes, arrêtées en ordre et formées en parc. Toutes les voitures sont attelées de quatre chevaux ; tous les chevaux ont une couverture dépliée sur le dos. Les hommes de corvée