Page:Sandre - Le purgatoire, 1924.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
le purgatoire

— Un instant seulement. Pour porter les blessés jusqu’à l’ambulance. C’est à la ferme des Chambrettes, et c’est là que nous allons aussi. Il nous retrouvera là-bas.

Dans un boqueteau, une batterie lourde tonne. De grandes lueurs sortent des fourrés.

Nous longeons des fils téléphoniques. Il y en a trois lignes, posées sur le sol, à deux ou trois mètres d’intervalle.

Le leùtnant, à qui nous ne demandons rien, éprouve le besoin de nous éblouir en nous expliquant que, chez eux, un officier d’artillerie marche avec les vagues d’assaut de l’infanterie, suivi d’une équipe spéciale, et que, sitôt arrivé sur la position conquise, il a à sa disposition son téléphone personnel.

Tout en donnant ces détails d’un air dégagé, le leùtnant appelle le dernier chasseur qui nous restait, pour renforcer un nouveau groupe de brancardiers fatigués.

— Un instant, fait-il.

Et le chasseur tend tristement à son capitaine le havre-sac qu’il avait sauvé du naufrage. Il ne semble pas croire qu’il nous rejoindra, mais nous lui rendons confiance sans être trop rassurés nous-mêmes.

Nous ne sommes plus que trois officiers et un adjudant quand nous parvenons à la ferme des Chambrettes.

Il fait nuit complète, mais la neige la rend moins obscure.

Nous considérons les défenses de la ferme. Elles sont admirables : tranchées clayonnées, redans et courtines, réseaux de fil de fer, dépôts de claies, de