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l’hôpital d’offenburg

— Alors, vous abbelez ça un mouchoir de Allemand ? Bourquoi ? Bouvez-vous m’exbliquer ?

Je crus qu’il se moquait de moi. Mais il tenait son sérieux, et je tins le mien.

— Vous confondez. L’Allemand, c’est un Boche, oui.

— Oui, oui.

Comme je regrettais que le doktor Rueck et la Kommandantur de Vöhrenbach ne fussent pas là !

— Et le mouchoir, c’est un mouchoir de poche.

— Oui, de boche.

— De poche.

— Oui, de boche.

— Vous prononcez mal.

— Je ne combrends bas, dit-il, découragé.

— Moi non plus, mais ça n’a aucune importance.

Je quittai le Lazarett sur cette scène de comédie, sans revoir les deux convalescents français. Un soldat en armes m’accompagna. Il porta ma valise jusqu’à la voiture que j’avais commandée. Quel équipage ! La calèche, en assez bon état, construite pour être attelée de deux chevaux, n’avait qu’une haridelle d’un seul côté du timon. Le cocher me salua respectueusement. Je me mordais les lèvres. Tout l’hôpital était aux fenêtres ou devant la porte. Je m’en allai content, puisque le médecin-chef avait affirmé que j’étais guéri.