Le lundi soir, j’attendais encore mon argent. J’envoyai une lettre réglementaire au médecin-chef du Lazarett. Le mardi soir, j’attendais mon argent et la réponse du médecin-chef. Je lui envoyai une nouvelle lettre, un peu plus sèche. Le mercredi soir, j’attendais toujours. Cette fois, j’écrivis une lettre violente.
Enfin, le jeudi matin, j’obtins satisfaction. À huit heures, le gestionnaire vint lui-même, avec mille excuses, me délivrer ce qui m’appartenait. Mais, à neuf heures, le médecin-chef entra dans ma chambre, m’examina plus sommairement que la première fois, si possible, et m’annonça que je partirais à midi. C’était clair.
La petite Schwester souriait.
— Déjà guéri ? fit-elle.
— Oh ! oui, lui répondis-je. On guérit vite dans les hôpitaux allemands.
Et, me tournant vers la grande :
— N’est-ce pas, madame ?
Elle ne répliqua point. Elle souriait aussi.
L’infirmier suisse était désolé. Au moment où il allait pouvoir réaliser quelques bénéfices, je partais. Il m’aida à préparer ma valise. Je voyais qu’il brûlait de me poser une question.
— Qu’est-ce qu’il y a ? Dites.
Il tira de sa poche un immense mouchoir à carreaux.
— Vous abbelez ça un mouchoir de boche ?
— Oui.
— Et aussi les Allemands, vous les abbelez des Boches ?
— Oui.