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l’hôpital d’offenburg

blockhaus de mitrailleuses ou un dépôt de munitions.

Le médecin n’insista pas. Il n’y a pas moyen de discuter avec les Français. D’ailleurs, je discutais en allemand, à voix haute, et il valait mieux que les civils du vagon n’entendissent point les insanités que je débitais. Du moins, j’eus la paix jusqu’à Offenburg, où nous arrivâmes vers onze heures.

Le trésorier du camp de Vöhrenbach, en réglant mon compte, m’avait célébré les splendeurs d’Offenburg, dont la population atteignait le nombre de 80.000 habitants. Le doktor Rueck, de son côté, accusait 18.000 âmes. Un infirmier de l’hôpital, plus tard, descendit jusqu’à 12.000. Quoi qu’il en soit, la ville n’offre au premier abord rien de particulier. Quelconque, elle a des maisons sans caractère. Les boutiques ouvertes sont médiocres. Il y en a beaucoup de fermées. Les boulangeries ont des vitrines vides, et l’on peut compter en passant les quartiers de viande accrochés à l’intérieur des boucheries.

— On a l’air de souffrir de la guerre ici, observai-je devant le médecin, non sans une perfidie légère.

— Oh ! non, protesta l’autre. C’est que les ménagères ont fait leurs provisions ce matin.

— Évidemment.

Je n’attendais pas cette explication.

L’hôpital où l’on me conduisit, le Garnison-Lazarett, se trouve presque en dehors de la ville. Il se compose de plusieurs bâtiments, de dimensions moyennes,