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à Jacques Péricard


CHAPITRE XIX

l’hôpital d’offenburg
(Août 1916).


La Kommandantur ayant décidé de m’envoyer d’urgence à l’hôpital, le samedi 22 août 1916 je pris le train pour Offenburg. On me fit accompagner par un soldat qui avait une tête de vieillard ahuri, et qui chargea son fusil devant moi au moment du départ. En outre, le doktor Rueck, médecin du camp, devait me conduire. Il ne connaissait pas Offenburg, et l’occasion lui était bonne d’y aller aux frais du gouvernement.

J’avais déjà vu ces paysages de la Forêt-Noire. Ils ne m’avaient point paru magnifiques. Je les trouvai cette fois tout à fait odieux, car le doktor Rueck, bavard insupportable, ne se lassait pas de m’en vanter les charmes. À ses exclamations, je ne répondais rien, mais il ne désarmait pas. Tout lui était motif à phrases. Visiblement, il désirait m’étonner. Il me montra les blés du plateau de Donaùeschingen et me dit :

— La moisson sera très belle.

— Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, répliquai-je.

Le sens du proverbe lui échappa, et il parla d’autre