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le purgatoire

— Silence, messieurs !

— On refuse.

— Silence !

Déjà le poste accourait.

Un capitaine s’avança :

— C’est notre devoir d’aider nos camarades à s’évader, comme c’est notre devoir de nous évader nous-mêmes.

Il avait parlé sur un ton calme, mais ferme. L’oberst en fut démonté.

— Oui, oui, certainement, bafouilla-t-il.

Puis, se redressant :

— Mais c’est mon droit de vous punir !

Et tous les prisonniers répondirent en chœur, d’un seul élan :

— Oui, oui.

Cette fois, la ganache ne comprenait plus. D’un geste d’impatience, il nous congédia, mais il ne nous imposa pas l’ordre inadmissible qu’il avait jugé acceptable.

Dès qu’un évadé était repris, la Kommandantur se hâtait de nous annoncer cette bonne nouvelle, car la joie que nous manifestions à chaque fuite l’exaspérait. Mais comment ajouter foi à une nouvelle de source boche ? Nous répondions :

— Ce n’est pas vrai.

— Agence Wolff !

Alors, on nous montrait les coupables. Même s’ils avaient été arrêtés à la frontière hollandaise, on les ramenait au camp de Vöhrenbach. De cette façon, nous ne pouvions plus douter, et Monsieur le Censeur et toute la Kommandantur relevaient la tête comme pour nous dire :