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lions de la paille, comme à Saint-Angeau. Mais on eût été bien gêné de nous en fournir.

Une espèce de rythme animait les représailles. On nous rendait ceci d’une main, pour nous prendre cela de l’autre. Ainsi, l’on nous permit de jouer au billard et d’user des agrès de gymnastique, mais on suspendit le paiement des mandats jusqu’à une date indéterminée. Le 5 juillet, on nous restitua les châlits, sans toutefois nous desserrer. Le 7, on nous annonça solennellement que les représailles pour la correspondance étaient levées et que, sous peu de temps, le camp de Vöhrenbach redeviendrait un camp ordinaire. Que s’était-il donc passé ? Rien, hormis que les Français et les Anglais avaient attaqué sur la Somme, et l’offensive tournait mal pour l’Allemagne. La France s’était redressée après Verdun et donnait un coup de boutoir. L’Allemagne n’avait donc plus d’amis là-bas ? Mais alors, la prudence conseillait peut-être de se montrer moins dur pour les prisonniers français ? L’Allemagne voyait chaque jour ses hommes et ses officiers s’en aller vers les camps de France. Il était temps sans doute de lâcher un peu les brides. Éternelle politique des Boches ! Quand la fortune leur souriait, ils se montraient impitoyables. Quand leurs affaires se brouillaient, ils s’humanisaient. Quel prisonnier n’a pas observé les effets de cette loi de la balance dans les camps en Allemagne ?

L’offensive de la Somme amena la fin de nos représailles le 29 juillet. La vie normale allait recommencer à Vöhrenbach, sauf pour la musique et les douches, dont l’interdiction subsistait. Le 30, on réorganisa des promenades à l’extérieur. Décidément l’offensive