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à Pierre Ladoué


CHAPITRE XV

autres têtes de boches
(Avril 1916).


La kantine était le point vital de camp de Vöhrenbach. De là, tout sortait : les matériaux pour nos labeurs personnels, les menus objets dont on a besoin, les livres, le papier, l’encre. Là se déversait ce que les exigences de la kommandantur nous laissaient d’argent disponible sur notre solde et nos revenus particuliers. Car celui qui n’avait que ses mensualités ne pouvait pas se permettre des folies. En effet, un prisonnier perçoit demi-solde. Pour un sous-lieutenant, elle était en 1916 de cent vingt francs. Mais l’Allemagne ne nous donnait pas l’équivalent de ces cent vingt francs au cours du change. Elle s’en tenait à ce que valait le mark avant la guerre, et un sous-lieutenant ne recevait que quatre-vingt-seize marks par mois. Cela, en principe. En pratique, le trésorier lui remettait beaucoup moins. Il lui retenait : cinquante-quatre marks pour la nourriture, et sept marks cinquante pour le loyer. Parfaitement. Enlevez une quinzaine de marks encore au minimum pour les frais de blanchissage, pour les pourboires aux ordonnances, et pour l’en-