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place ici, mais je ne pousserai pas plus loin la publication détaillée de mon journal de captivité. Désormais, je ne veux plus rapporter que les faits saillants d’où j’ai tiré des impressions vives et de précieux enseignements.

Dans le courant du moins de juin, nous étions en régime de représailles. Les douches se trouvaient supprimées. Malade, j’en avais besoin. Mais les ordres du ministère de la Guerre de Berlin étaient formels : l’infirmerie ne devait pas me soigner. Néanmoins, à la suite d’une réclamation que j’avais présentée au délégué de l’ambassade d’Espagne, lors de sa récente visite, la kommandantur avait décidé de m’envoyer, deux fois par semaine, à l’établissement de bains communal de Vöhrenbach. Elle exigeait de moi la promesse écrite et signée, chaque fois renouvelée, que je ne tenterais pas de fuir depuis le moment où je quitterais le camp jusqu’au moment où j’y rentrerais. En échange, elle me ferait accompagner par un soldat sans armes, guide plutôt que gardien. Le colonel B***, prisonnier de Verdun, qui était le plus ancien de nous tous et par conséquent notre seul chef, m’avait accordé l’autorisation de signer la promesse qu’on me demandait. J’acceptais les formalités fixées naguère pour les promenades.

Un soldat sans armes, en effet, me conduisit à l’établissement de bains, qui était situé à l’autre extrémité du village, assez loin du camp. Il y pénétra en même temps que moi, et il s’installa, d’un air tranquille, dans la salle d’attente, où traînaient des journaux, tandis que je m’enfermais dans ma cabine.

Quelle stupeur, quand j’en rouvris la porte ! Un