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le camp de vöhrenbach

toute, il nous restait comme terrain disponible une espèce de chaussée entourant la prison. C’était moins grand qu’à Mayence. Mais ici, rien n’arrêtait nos regards. Nous avions des vues sur le village, d’où émergeait le clocher de l’église, et sur toute la campagne environnante : prairies, routes, collines, montagnes et bois de pins. Au premier abord, cette situation était plus agréable.

De même, la prison sentait moins la prison. Récemment créé pour ne recevoir que des officiers venus des combats de Verdun, le camp de Vöhrenbach avait été installé dans une maison d’école dont la guerre avait empêché l’achèvement. On profita des circonstances pour en poursuivre la construction. La maison était vaste, bien aérée, haute de trois étages. Mais les boiseries restèrent toujours sans peinture. La portion principale réservait le rez-de-chaussée pour les divers bureaux de la kommandantur, la cuisine, la salle de douches qu’on installait et la chambre des arrêts de rigueur. Le premier et le deuxième étage se divisaient en salles plus ou moins grandes, les plus petites étaient occupées par un ou deux officiers supérieurs. Un lavabo, fait d’une auge unique en zinc munie de cinq tuyaux à robinet, était à notre disposition sur chaque palier. Enfin le troisième étage, mansardé, était le domaine des soldats français qui devaient nous servir d’ordonnances. L’électricité éclairait tous les couloirs et toutes les chambres. Dans la cour, de forts poteaux de bois supportaient des lampes du type Jablockhof comme on en voit sous une halle de gare. La nuit, les abords immédiats du camp n’étaient pas plus sombres qu’en plein midi.