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à Louis de Gonzague Frick


CHAPITRE XI

le camp de vöhrenbach
(18 mars 1916).


Le camp de Vöhrenbach avait cet avantage sur le camp de Mayence que l’horizon n’y était pas limité par des murs. À Mayence, on se promenait à l’intérieur de la prison, sans jamais rien apercevoir de la vie du dehors. À Vöhrenbach, on se promenait autour de la prison, laquelle se composait de deux corps de bâtiment, plantés en équerre et joints l’un à l’autre. Sur trois des côtés de l’ensemble, l’espace libre où les prisonniers pouvaient circuler avait une trentaine de mètres de large ; sur le quatrième, devant la façade principale qui donnait sur le village même, un terrain plus vaste s’étendait : d’abord une cour, au sol préparé, d’une cinquantaine de mètres de large ; puis, en contrebas, un morceau de prairie en forme de triangle dont la base s’appuyait à la cour et dont le sommet se trouvait à une centaine de mètres de la base. La forme du triangle était commandée par un ruisselet qui longeait le réseau des fils de fer et qui, sous peine de canaliser des évasions, ne pouvait décemment pas couler au milieu du camp. La prairie était marécageuse. Avant l’été, elle n’était guère utilisable. Somme