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à Louis Thomas


CHAPITRE X

vers un autre camp
(17 mars 1916).


La citadelle de Mayence m’apparaissait vraiment comme une prison terrible. Je ne savais pas si j’étais condamné à y demeurer ou si la fantaisie des bureaux de la kommandantur avait déjà décidé de m’expédier ailleurs. Mais rien ne pouvait m’être plus agréable que d’aller n’importe où, même au fond de la Prusse la plus orientale, pourvu que je ne fusse pas contraint à l’unique contemplation de ces trois bâtiments de la Caserne des Cadets et à la promenade en rond dans la cour immense. Voir quelque chose, voir autre chose, voyager, je ne rêvais pas d’un sort meilleur. Les anciens m’affirmaient en vain que le camp de Mayence était en somme l’un des moins mauvais. Leur expérience ne me convainquait pas. Aussi ne fus-je pas mécontent, lorsque le 17 mars au matin, alors que je sortais de ma chambre, un feldwebel m’arrêta, en m’appelant par mon nom :

— Vous quittez ce soir le camp de Mayence.

— Bien. Où vais-je ?

— Je l’ignore, vous partirez à 7 heures 1/2.