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le camp de mayence

royale avant six mois. Mais l’opération n’est-elle pas excellente, qui vous met en mesure de parer à vos désirs immédiats, et qui vous prouve que les Allemands ont souci de votre détresse ?

Rien n’est laissé au hasard dans un camp d’Allemagne. Tout y est merveilleusement bien organisé, jusqu’à l’extorsion de vos économies, qui se pare de belles apparences. Au surplus vous savez que vous n’êtes rien, puisque vous appartenez désormais à la Grande Allemagne. Ici, il faut oublier qu’on affiche dans les écoles de France la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Ici, vous n’avez qu’un seul droit, qui est de tout supporter comme vous pourrez. En revanche, la nomenclature de vos devoirs est plus longue que la table de nos immortels principes de 89. L’un compense l’autre. Monsieur le censeur nous avait déjà énuméré quelques-unes des obligations auxquelles nous serions dorénavant soumis. Mais ses avertissements n’avaient pas ce caractère officiel qu’il est bon d’apporter en toute chose avec méthode. La kommandantur décida de réparer cette faute.

Le soir, après l’appel de six heures, les nouveaux prisonniers furent convoqués au bureau de Monsieur le Censeur. Herr Schmidt n’y était pas. Mais des scribouillards nous attendaient, et un lieutenant français, un de nos anciens, fut chargé de nous faire le discours d’usage. Il le fit avec un tact admirable. Devant la valetaille boche qui écoutait, et qui comprenait sans saisir les nuances de notre camarade, il nous apprit ou nous rappela toutes les interdictions qui sont notre partage. Il les passait en revue sommai-