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à Henri Massis


CHAPITRE VIII

la fenêtre fermée et la porte ouverte
(14-15 mars 1916).

Nous avions espéré que nous subirions tous aujourd’hui l’interrogatoire qui nous délivrerait de la quarantaine. Cet espoir se réalisa pour plusieurs. À 9 heures du matin, l’homme de Hansi, vieillard à lunettes avant l’âge, fit sa deuxième apparition dans l’embrasure de la porte, et sa voix consciencieuse et mal assurée nous lança le nom du deuxième officier qui quitterait le saloir. La veille, le sous-lieutenant L*** avait dû comparaître en chemise, caleçon et couverture de laine. C’est dans ce même équipage ridicule que comparurent les premiers patients d’aujourd’hui. Car on ne nous rendit nos vêtements que vers dix heures. Je ne sais pas s’ils avaient été fouillés, mais plus d’un d’entre nous regretta de n’avoir pas couru le risque d’ailleurs problématique d’une détérioration par les désinfectants si efficaces qu’on nous avait signalés ; perte pour perte, du moins les Allemands n’auraient rien eu.

L’ordonnance belge est à notre disposition dès le matin pour faire à la kantine l’achat des objets dont nous aurions besoin : rasoirs, pâte dentifrice, brosses,