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à Jérôme et Jean Tharaud


CHAPITRE VII

le saloir de mayence
(13 mars 1916).

Il était dit que l’administration du camp de Mayence ne négligerait rien pour nous adoucir les premières heures de la captivité. Mais quel plus sûr moyen d’arriver à ce résultat que de soigner notre nourriture ? Le profit en est double : le prisonnier reconnaît qu’il a peut-être mal jugé l’Allemagne et, en même temps, il désespère, parce qu’il était persuadé que l’Allemagne mourait de faim.

Le lundi matin, dès le réveil, avec le cérémonial de la veille, les trois ordonnances, le Belge, le Français et le Russe, conduits par le soldat qui hurle, nous apportèrent du café, du sucre et un petit pot de marmelade pour chacun de nous. C’était trop. Le soldat qui hurle nous annonça à tue-tête que ce pot de marmalat est notre ration de toute la semaine et qu’il ne nous en sera pas distribué d’autre avant lundi prochain. On n’est pas plus prévenant.

Se préoccuper de notre appétit, c’est bien. S’occuper un peu de notre toilette ne serait pas mal. L’administration du camp n’a certainement pas sur l’hygiène