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le purgatoire

Dehors, à gauche, par rapport à nous, s’élève un grand bâtiment ; à droite, un bâtiment semblable lui fait face, et tous les deux sont pareils au bâtiment no III que nous occupons. Au fond, au loin, des constructions d’importance moindre : c’est là que sont installés les différents services du camp. L’espace libre qui s’étend entre ces quartiers de la citadelle est une immense cour, domaine des prisonniers.

Tout autour de la cour, ils se promènent, par petits groupes, par trois, par deux, isolément ; les uns vont d’un train de flânerie, d’autres marchent à longues enjambées, comme s’ils étaient pressés, mais plutôt par besoin physique de se dépenser et de se fatiguer. Et tous vont dans le même sens, les uns derrière les autres, se poursuivant, se rattrapant, se distançant, en une espèce de course sans but, comme on imagine que les fous doivent en faire dans les cours de leurs asiles. Quelle misère ! Bientôt nous aurons aussi notre place dans la promenade générale.

Mais tous les prisonniers ne se promènent pas. Dans un coin, sur un sol préparé, en voici quatre qui jouent au tennis. Plus loin, en voici d’autres, vêtus de maillots et de courtes culottes blanches ou noires, qui mènent un match de hockey. Les Français ont, paraît-il, lancé un défi aux Anglais, et la partie se dispute âprement. Ils courent, ils courent, les joueurs qui n’apparaissent à nous que comme des enfants dans un jardin. Ce sont des officiers jeunes sans doute et vigoureux encore, qui ne veulent pas se laisser dépérir de langueur en captivité.

Les plus âgés évidemment se promènent autour de la cour, comme des philosophes rassis. Tous les