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LE CHÈVREFEUILLE

nous préparait la pauvre Marthe !

Je voyais tout d’avance : notre départ en fourgon automobile avec le double cercueil obligatoire derrière nous, l’arrivée au petit tertre qu’on éventrerait, l’ouverture du cercueil fourni par l’État, le corps à reconnaître, et dans quel état serait-il ? Puis le transfert du cadavre au cercueil que nous aurions apporté, puis le départ pour le cimetière familial, le long voyage dans le fourgon avec le cadavre de Maurice derrière nous, son cadavre que nous aurions vu, le long voyage où tous les cahots de la route nous rappelleraient que Maurice était mort, que notre illusion avait été vaine, que notre certitude serait désormais inéluctable, le long voyage et l’arrivée au cimetière fa-