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PREMIÈRE PARTIE

Un soir cependant, je crus bien que cette attente déprimante que Marthe nous créait, allait subir la plus dure épreuve, celle à quoi l’ardeur la plus vive ne peut résister.

Marthe me dit :

— Voilà que les familles sont autorisées à retirer leurs morts des cimetières du front. Je veux ramener Maurice dans le caveau des siens. Je n’ai plus que vous, vous viendrez avec moi ?

— Naturellement, répondis-je.

Mais j’aperçus aussitôt d’un trait toutes les conséquences de sa décision. Ce que nous ne pouvions pas admettre parce que nous ne l’avions pas vu, nous le verrions enfin. Nous verrions Maurice mort, et de quelle horrible façon ! Et quels moments