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PREMIÈRE PARTIE

Marthe et moi, — elle tout ardente d’amour obstiné, moi gagné par son ardeur, — nourrir encore quelque illusion ? Mais je ne dis que la vérité, qui n’est pas toujours, comme on le sait, vraisemblable.

Il y eut mieux, qui ne suffit point à nous convaincre. Marthe, en effet, lorsque je lui fis part de mon désir de m’y rendre, décida de m’accompagner au cimetière du front où Maurice avait été officiellement inhumé. Rien n’était plus propre à fixer notre deuil. Comment Marthe en fut-elle émue ? Je l’ignore. Pour moi, dans ce vaste champ où s’alignaient innombrables de petites croix de bois peintes en blanc et ornées d’une grossière cocarde de zinc aux couleurs de la France, au milieu de