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PREMIÈRE PARTIE

Amoureuse à qui la guerre enlevait son amant, elle pleura sans honte. Elle ne prononça pas de paroles qui eussent ébranlé Maurice, non, mais elle n’en prononça pas non plus pour l’affermir ; car les femmes, celles qui étaient sans enfant, n’eurent pas la pudeur tragique des mères, que la guerre prit aux entrailles. Mais quel élan n’eut-elle pas, la pauvre Marthe, pour jeter à Maurice ce dernier cri :

— Si tu meurs, j’en mourrai !

On lui enlevait plus que la vie, en effet : son amour. Et c’est un cri d’amour qu’elle poussait au moment où j’entraînai Maurice. J’en fus d’autant plus remué que, malgré tout ce que j’en avais pu pressentir, Marthe avait toujours su éviter de me laisser