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LE CHÈVREFEUILLE

catastrophe qui les anéantit, Marthe avait survécu, je ne sais comment. Mais est-ce vivre que de vivre sans espoir ? Et quant à Maurice, si sa mort hantait mes insomnies, il faut que je précise que ce n’est point uniquement parce qu’elle m’avait amputé d’un excellent ami ; il faut que je précise que c’est parce que je l’ai vue, et de façon effroyable. De pareilles images ne s’effacent pas de la mémoire d’un homme.

On vous a dit que les soldats pendant la guerre ont vu tomber tant de leurs camarades, que la mort finissait par avoir pour eux quelque chose de familier qui ne les étonnait plus. Je ne discuterai pas si l’on n’a pas exagéré l’héroïsme de ces pauvres soldats. Et d’ailleurs, si j’ai vu Mau-