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DEUXIÈME PARTIE

un jour de faiblesse et de fièvre. Ne t’avouais-je pas ainsi, quoique de biais, l’amour malheureux que je portais au plus profond de moi ? Mais à la façon dont je t’ai fait cet aveu, n’as-tu pas compris du moins que je ne gardais pas rancune à Marthe ?

» Assurément. Si, après tant d’années, j’étais revenu vers toi comme un homme qui a tout oublié, — tu entends ? je dis : tout oublié, et donc que j’ai été heureux, — ou si je ne revenais qu’avec le souvenir de mes heures les plus mauvaises, t’aurais-je parlé de Marthe avec tant de précautions ? Le cas est bien banal du monsieur que sa femme excède. Si tel était le mien, je n’aurais pas eu de peine à trouver des mots pour accabler Marthe devant toi. La comé-